"Partir, c'est mourir un peu..."

03/10/2014 01:58

Et voilà, ça y est, je pars "cette semaine", "jeudi". C'est mon dernier lundi au Pérou. Je vous écrit de ce même lit où je me suis assise le premier jour après avoir posé mes valises. "Et maintenant que j'ai surmonté tout ça, je fais quoi ?" (dixit Jérémy un des premiers soirs de notre grande épopée). Je me souviens de mes derniers jours en Belgique. J'avais fait comme Ross, lors de l'un de ses nombreux mariages, dans Friends (une valeur sûre, décidément :)). Il faut agir par "petites actions concrètes" et ne pas penser directement "je vais au Pérou pour 8 mois" (ou "je vais me marier", selon le cas, donc). Ranger sa chambre, faire sa valise, prendre sa douche, terminer sa valise avec sa trousse de toilette, manger un bout, mettre la valise dans la voiture, aller à l'aéroport, ... Bon, et bien cette fois, je crois que ça va être un peu pareil mais en chemin inverse, donc. Sauf que là, je sais (plus ou moins) ce qui m'attend quand j'arrive. Ce qui est, à la fois, très réconfortant (j'ai hâte de vous voir!) mais qui a aussi un côté un peu déprimant. C'est fini la grande aventure... pour le moment!

Je suis rentrée dans ma maison à Lima pour mes derniers jours et, par un heureux hasard, ma chambre était libre. Bon, "heureux hasard", c'est peut-être mal choisi...en fait, il y a eu deux tentatives de vol à mai armée devant la maison et du coup le Brésilien qui occupait ma chambre a déménagé. Enfin, ne vous inquiétez pas, je rentre bientôt, ce qui est d'ailleurs l'objet principal de cet article!

C'est très bizarre de revenir ici après 2 mois de terrain. C'est un peu comme si je rentrais déjà "à la maison" une première fois, tout est devenu familier ici. C'est ma chambre, quoi. Mais d'un autre côté, c'est comme si ce n'était plus la même maison : nouvelles personnes, nouvelle ambiance. En un sens, c'est bien comme ça aussi : mon échange à moi est terminé, mon heure est venue, il est temps que je m'en aille! Mais j'ai aussi revu mes amies Autrichiennes qui restent jusqu'en janvier, au moins. Ca m'a fait à la fois super plaisir et "super triste" : elles m'ont manqué et vont me manquer. Mais bon. Deux d'entre elles viennent en Belgique dans pile un an et la dernière a pour projet de rester au Pérou...où, ojala, je reviendrais :)

Le jour où Yara est partie, il y a pile 2 mois aujourd'hui, elle disait qu'il ne fallait pas être tristes parce que c'était bien. Et moi je lui disais que c'est justement parce que c'était bien qu'on est tristes maintenant. Dans le fond, c'est une bonne chose d'être triste et nostalgique : c'est que ce qu'on a vécu nous a vraiment plu. Et je me souviens que Siam disait que ça devait être difficile de partir mais qu'une fois arrivé "chez soi", ça irait mieux.

Est-ce que c'est passé vite ou pas? En un sens, maintenant que ça se termine, j'ai l'impression que oui. Et d'un autre côté, il s'est passé tellement de choses ces derniers mois. Les gens disaient parfois qu'on changeait, en erasmus. Je ne crois pas être, fondamentalement, une autre personne. Mais c'est vrai que je ne me sens plus tout à fait la même non plus. Je crois qu'une expérience comme celle-là fait beaucoup grandir. Maintenant que j'ai "survécu" à ça, j'ai l'impression de pouvoir m'adapter à beaucoup de choses, ce qui est une sensation assez agréable :)

Quand je suis partie, Maman m'a dit "Partir, c'est mourir un peu" (je ne crois pas qu'elle soit l'auteure de cette citation peu folichonne mais c'est grâce à elle que je la connais). C'est vrai que j'ai l'impression de laisser quelque chose de moi ici. Mais j'ai aussi l'impression d'emporter énormément (je fais ici références à des dimensions spirituelles et non aux tonnes de cadeaux/pisco/vêtements que j'embarque dans mes valises). Des souvenirs, des images, des phrases, des discussions, des rencontres... C'est une expérience assez "bouleversante" faites de départs, d'adieux, d'arrivées, de chocs, de moments de solitude parfois aussi. Mais si, d'un point de vue rationnel, je dois faire le calcul coût/bénéfice, je crois que je peux affirmer que c'était l'expérience la plus enrichissante de toute ma vie.

A priori, ce sont les dernières lignes de ce blog que j'écris ici. Et oui, toutes les bonnes choses ont une fin! Même si un retour est envisageable mais c'est une autre histoire...Bref, je voulais en profiter pour vous dire un grand merci. Les commentaires les plus fidèles de mes plus grandes fans : merci Maman et Marraine Arlette! Et, au-delà de ça, pour votre soutien inébranlable depuis le début. Merci à Maïté, Anne-Ca, Odile, Ana qui lisent (je crois!) chacun de ces articles. Merci à Juliette et Anissa pour la comparaison flatteuse aux rédactrices de Madmoizelle! Merci à tous ceux qui m'ont félicitée pour ce blog, pour les qualités rédactionnelles ou l'intérêt pour mes "aventures". Merci pour votre soutien, vos encouragements. Merci à ceux qui m'ont donné de leurs nouvelles et ont demandé des miennes. Les autres, je ne vous en veux pas, je sais ce que c'est :) Merci Youyou d'être disponible sur le net à toute heure du jour et de la nuit pour sauver ta soeur sans abris à Cusco! Last but not least, un immense merci à mon interlocuteur Skype le plus fidèle et quotidien, qui devrait se reconnaître. Une autre source de soutien complètement infaillible :) Et suivant Mauss et sa règle du don et contre-don, j'espère pouvoir être à la hauteur à mon tour!

Et puis, évidemment, merci à chacune des personnes qui a croisé ma route ici au Pérou (et en Bolivie) et qui a rendu ce voyage si spécial. Merci Yara, tout d'abord pour avoir fait de la pub pour ce blog auprès de ta famille entière! Et pour tout le reste, mais tu sais déjà tout. Les soirées dans votre chambre avec Jiji et Thais à discuter de tout et de rien, manger (n'importe quoi) et regarder Grey's Anatomy me manquent. Big up au groupe des 4 :) Merci à tous mes autres companeros mais qui, pour des raisons linguistiques évidentes, ne liront sans doute pas ces lignes (pour la plupart) : Chris, Cynthia, Lenny, Mélaine, Siam, Inès, Diego, Christian, André, Gerson, Carlos, Tiphaine, Zapata, Mario, Margaux, Melissa, ... et puis un clin d'oeil aux nouveaux aussi, mention spéciale aux Belges de la maison (qui sont à présent 3!). Un gros bisous à Pantera qui, pour des raisons évidentes d'illettrisme ne lira pas non plus ces lignes : merci d'avoir été ce "chien bodyguard" pour nous dans les rues de Lima! Merci Tina, Linda, Vicky et Jérémy pour ce premier grand voyage ensemble. Notre amitié a marqué mon échange :) Et puis merci à Sarah, Micko, Lola, Tiphaine, Anni, Léa, Faiza, Daniela, Raffaela, Karen, Nailea, Adlin, Laura, Edouard, ... Merci à l'arbolito à qui je dois ma survie alimentaire à Lima. Et puis au couple de la tienda du coin qui va me manquer aussi. Et puis, tous ceux que j'oublie.

Alors voilà, c'est difficile de partir mais j'ai le coeur un peu plus léger quand je pense que je vais retrouver ma Belgique et ses habitants :) qui veut aller manger une frite?
Et pour terminer avec une note un peu positive, je citerai un grand poète contemporain (Orelsan).

"Au fond, j'crois que la terre est ronde pour une seule bonne raison. Après avoir fait l'tour du monde, tout c'qu'on veut c'est être à la maison!"