"Donc tu vas nous étudier nous ?"

10/08/2014 13:20

Chers lecteurs,

Cette fois, c'est d'un petit hôtel, ma foi confortable, de Sicuani que je vous écris.

Tout d'abord, je sais, j'ai un article Machu Picchu/Cusco de retard, j'ai rencontré quelques problèmes dans la rédaction, je vous écrirai ça au plus vite. En résumé, c'était bien!

J'ai donc, non sans peine, quitté Lima et ma petite chambre. J'ai passé deux jours à Cusco pour rencontrer un professeur de l'université de Cusco qui est mon "contact" sur le terrain. Il a été très accueillant et m'a présenté à toute la faculté ! Pour le logement, j'avais rencontré une Allemande dans le bus pour venir et nous avons cherché un hôtel ensemble. On a terminé dans une auberge de jeunesse sympa à deux pas de la Place d'Armes. On y a partagé une chambre avec deux Canadiennes vraiment adorables et un anglais très sympa aussi ! On a passé une soirée ensemble et c'était chouette bien que mon anglais ne soit plus qu'un très lointain souvenir.

Bref, après deux petites nuits là-bas, c'est vers mon terrain anthropologique, grand moment tant attendu, que je me suis dirigée. Nous sommes partis en camion avec un chauffeur et le prof en question.

Sans plus de mystère, je vous décris rapidement ce lieu d'observation. Rapidement parce que, depuis que j'y suis, je ne fais qu'écrire et c'est un peu fatiguant :)

Ca s'appelle "La Raya". C'est situé entre Cusco (à 3h de bus) et Puno, à 4100m d'altitude. C'est un centre d'expérimentation qui appartient à l'Université de Cusco. Il est constitué d'une quinzaine de petits édifices je dirais (je prendrai une photo de plus loin la prochaine fois pour avoir une vue d'ensemble). Là-bas, on y trouve, premièrement, des étudiants en vétérinaire tentant péniblement de terminer leur mémoire. C'est principalement avec eux que je passe du temps. Ils ont un laboratoire où ils travaillent avec des ordinateurs et des microscopes. Il n'est pas rare d'y entendre du Coldplay, Miley Cyrus ou encore Corazon Serrano (groupe péruvien un peu culcul mais j'aime bien, j'avoue). Ils font des "tournantes" mais pour l'instant ils sont toujours au moins quatre ou cinq à travailler. Il y a tout un bâtiment où ils ont chacun leur chambre. Je suis dans le bâtiment d'à côté, celui de la cuisine et de la cafétéria où il y a donc aussi des chambres (qui seraient, me dit-on, plus commodes et pour les invités). Ma chambre est assez basique, constituée de 2 lits et...c'est tout! Mais je ne me plains pas, je ne paie pas de loyer et j'ai la vue sur les alpagas en me levant le matin :)

Sinon, là-bas, il y a aussi des éleveurs qui travaillent en fait pour l'université en s'occupant de ses animaux (il y a des vaches, des truites,...la majorité des alpaguas est pour l'instant dans d'autres terres, encore plus près du ciel). Il n'y a donc qu'une quinzaine d'alpagas sur place qui servent aux expériences de mes petits camarades.

Et euh...voilà. Au début j'ai eu très froid, maintenant je me suis habituée (et j'ai acheté des pulls, surtout). Il n'y a ni chauffage, ni eau chaude, ni internet, ni réseau de téléphone avec mon opérateur. Au moins, les conditions pour un travail d'ermite sérieux, ascétique, acharné et dénué de toute distraction sont réunies! Ah non, j'allais oublié : il y a des bains thermaux! Une piscine d'eau chaude! Ce qui n'est pas négligeable, vous en conviendrez :)

Les étudiants sont vraiment gentils et étonnament paraissent peu perturbés par le fait qu'une apprentie anthropologue passe ses journées avec eux pour les "étudier" ("aaah, maintenant on va voir comment se sentent les alpaguas!").

Le matin, on déjeune ensemble dans la chambre de Noémie (la seule fille). Par un hasard des plus incompréhensibles, c'est dans sa chambre qu'on a installé le semblant de cuisine et les vivres apportés par chacun... Après, on va dans le laboratoire où chacun travaille (certains sur les spermatozoïdes d'alpagas, d'autres sur les humains). Parfois, il faut aller donner un coup de main à un éleveur quand une vache agressive rejette son veau ou qu'une autre tue un alpaga pour protéger le sien...(true story, ça s'est passé mon premier soir!). A midi, il y a une "cantine" où tout le monde va manger pour 3 soles! Il y a de la soupe et un plat. On digère un peu au soleil et puis on s'y remet, à nos études. La fin d'après-midi est toujours un peu difficile et ça termine souvent en visionnage de clips ou discusions d'un degré intellectuel variable. Le soir, on va souper dans la chambre de Noémie. Au menu, les jours de paresse : mate et pain, parfois avec fromage on ne peut plus local. Parfois, on cuisine aussi! Il y a seulement deux taques (et maintenant une machine à cuire le riz, grande avancée je crois) et pour laver la vaisselle, il n'y a que l'évier des (nombreuses) toilettes...mais on se débrouille et je dois dire que je mange bien :) Et puis j'ai toujours quelques réserves de douceurs belges, ça aide à vaincre le froid ! Tout le monde ramène de quoi manger chaque semaine et on fait avec. Yaya, je suis en train de leur souffler la grande recette des pâtes Don Vittorio, peut-être avec courgette à la clé !!!

Sinon, au niveau de ma recherche, c'est encore un peu flou mais j'imagine que c'est typiquement anthropologique. Enfin la machine à idées/réflexions/questions est en route, on verra ce que ça donnera :) Dans les grandes lignes, ça tournerait bien sûr autour de la relation humains/animaux. Il se pourrait également que j'aille à la rencontre d'éleveurs dans le fin fond de la montagne mais ça reste à voir !

La Belgique recommence à me manquer ! Peut-être parce que je rentre bientôt et que je suis impatiente de la (vous!) voir. C'est une question de semaines, presque de jours maintenant : J-40 ! 40 dodos emitoufflée dans mon sac de couchage et sous mes 4 couvertures et je retrouve le luxe chastrois et celui qui caractérise si bien le service logement de l'UCL (j'rigoooooole, les chefs, si vous me lisez...vous me manquez! les états des lieux un peu moins!).

Ah ! Oui ! Avant que je n'oublie, MERCI à tous pour vos messages d'anniversaire, ça m'a fait super plaisir. On a fêté ça avec des bonbons et un genre de grog (rhum + eau + sucre roux chauffé) ici, c'était...unique :) Mais j'ai hâte de fêter ça avec vous en septembre!

Demain, il y a "la foire de Libamont" locale : concours d'alpagas, barbecue argentin, spectacles musicaux...j'y rejoins mes vétérinaires, je vous raconterai :)

Voilà voilà, j'espère que vous allez bien. Vous me manquez la famille, les copains, les goumiches, les kapistes. Mais on se voit très vite :) Un abrazo !