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Doudou au Pérou

"Ils sont graves, ces Pérus..."

« Ils sont graves, ces Pérus… »

Chère famille, chers amis, chers fans et autres fidèles lecteurs,

Belgique, J-10. Frites, amis, famille, pluie, J-10. Ca sent la fin… [Bon, c’était le jour où j’ai commencé l’article mais là, on est à J-6 déjà !]

Mais avant, je crois qu’il me reste quelques aventures à vous conter. Ca y est, j’ai terminé mon terrain dans la montagne péruvienne et je dois dire que ça fait plaisir ! A la fin, je suis allée quelques jours dans une communauté. Elle est située à Phinaya, petit village accessible par camion depuis Sicuani. Je crois qu’il n’y a pas 100 habitants, enfin c’est difficile à dire mais le village m’a semblé désert. Il y a seulement un téléphone satellitaire comme unique moyen de communication…mais par contre il y a 2 églises. Je n’y suis restée que 3 jours…et c’était suffisant. J’avais une petite chambre sommaire, ce qui était déjà très bien. Mais il faisait vraiment, vraiment très froid. Je crois qu’on était proche des 5000m d’altitude. Et puis, il a neigé. Bon, et surtout, la personne qui était en charge de moi était ivre toute la journée… Moment de solitude mais après ça, j’étais vraiment contente de rentrer à la Raya où j’ai passé une très bonne semaine. J’ai revu les étudiants. Et puis il y avait le « destete », c’est la séparation entre les mères et leurs petits (qui ont déjà environ 6 mois je crois). On est partis en camion (décidément… J ) à 5h du matin pour passer par tous les troupeaux. On a été jusqu’au dernier avec les étudiants. Le spectacle était un peu irréel en arrivant. On était vraiment haut dans la montagne et il avait neigé cette nuit-là. Résultat, on se retrouve face à un troupeau somnolant et enneigé d’alpagas ! Après, les éleveurs ont séparé, un peu brutalement je dirais, les mamans et leurs bébés. Ensuite, petit jogging matinal avec 200 bébés alpagas à 4700m d’altitude en route vers la Raya ! Bon, j’avoue, j’ai pas couru longtemps et je suis vite remontée dans le camion, au chaud. Tous les petits de tous les troupeaux se retrouvent donc à la Raya où tous les éleveurs sont réunis pour le coup (il y a aussi des gens du village d’à côté qui viennent « apprendre »). 442 bébés alpagas et lamas qui sont pesés et auscultés ! Et après…après, les jours suivants, c’était triste. Ils « pleuraient » leur maman. Un éleveur m’a dit que c’est parce qu’ils veulent du lait. En tout cas, ils gémissent vraiment et ça fait mal au cœur ! Mais bon, c’est pour que les mamans soient prêtes à faire de nouveaux bébés bientôt.

Et comme à la Raya, on a toujours trop de pain qui devient sec...j'ai montré aux étudiants comment faire du pain perdu (selon mon vague souvenir). Comme là-bas, on a aussi du lait et des oeufs à disposition, c'est parfait :) Ce jour-là, on cuisinait des pâtes et l'un d'eux me demande "et on peut manger le pain perdu avec les pâtes?" Hmmm....comment te dire... :) Enfin bref, ils ont bien aimé et je crois qu'ils vont recommencer l'expérience!

Après ça, je suis retournée à Cusco, non sans peine… Vendredi, après mon dernier jour à la Raya, je repasse par Sicuani où je passe la nuit avant de partir à Cusco. Et là…ma carte bancaire ne fonctionne pas, je n’arrive pas à retirer de l’argent. Quand je m’en suis rendue compte, j’avais 11,2 soles sur moi (soit environ 3€). Heureusement, l’hôtel était déjà payé ! Et heureusement (encore une fois), j’ai la grande chance d’avoir un frère addict aux ordinateurs et connecté très souvent dans la journée (vous remarquerez l’effort littéraire pour éviter le terme, parfois vexant, de « geek »). Je le contacte pour appeler Maman au secours mais, évidemment, un samedi à 10h à Sicuani et 17h à Chastre, la banque est fermée… Je me souviens que des compères dans la même galère avait demandé un virement par Western Union, ce que nous faisons donc. Service indisponible à Sicuani, j’utilise donc mes derniers deniers pour le bus jusqu’à Cusco. Comme un malheur n’arrive jamais seul, j’apprends au terminal de bus qu’il y a une grève sur le chemin jusqu’au lundi. Dépitée, je m’assieds sur mon sac à dos (que j’avais posé par terre, hein) et réfléchis. Sans conviction, je vais demander à une autre agence de bus qui me dit « non, non, on part, c’est juste qu’ils nous font un peu attendre mais après un moment ils laissent passer les bus ». Ouf, je saute donc dans l’engin et nous partons plus ou moins rapidement. Comme prévu, à deux reprises, la route est bloquée par les manifestants. Le professeur d’art assis à mes côtés m’apprend que les grévistes s’opposent à une entreprise qui veut mettre en place un système d’énergie hydroélectrique grâce au fleuve de la région. Il m’explique qu’au début, il s’agissait d’Espagnols mais qu’ils se sont fatigués des protestations et que ce sont des Japonais qui ont repris l’entreprise. Bref…le trajet qui doit durer 3h en a fait quasiment 6. Dans d’autres circonstances, ça ne m’aurait pas dérangée plus que ça : si j’ai appris quelque chose ici, en plus de l’espagnol, c’est bien la patience. Mais là, nous sommes arrivés vers 17h35 et l’agence Western Union que j’avais trouvée sur internet fermait à 18h. Ah oui, et en plus, je n’avais mangé, de toute la journée, qu’un (grand) alfajo (biscuit péruvien très bon, c’est deux petits sablés « collés » par du manjar, genre de caramel d’ici). Donc j’avais faim, aussi ! Bref, j’utilise mes vrais derniers deniers pour le taxi (« combien ? » « 4 soles » « 3 ! » « Non, non » « 3,70, c’est tout ce que j’ai… » sourire étonné et acquiescement). En lui donnant l’argent, je m’excuse et lui explique que c’est une longue histoire. J’arrive au bureau, il est ouvert. Je donne les informations nécessaires, je sens l’approche d’un soulagement mais… « Vous savez quoi ? Je ne vais pas pouvoir vous donner l’argent parce que sur votre passeport il y a 4 prénoms et ici, je n’en vois qu’un ». Alors là. J’essaie de lui expliquer que ces prénoms « ne servent à rien », qu’elle sait bien que c’est moi. Elle me dit que oui, qu’elle me croit mais qu’avec le logiciel ça ne marche pas, que je ne pourrai pas signer de reçu. Bref, pas moyen. J’avais oublié de préciser mais comme je partais définitivement de la Raya, j’avais mes deux gros sacs que j’arrive à peine à transporter avec moi. Quand elle m’annonce que je ne pourrai pas avoir l’argent et que le bureau ferme dans 5 minutes… je regarde le fauteuil situé dans le coin du bureau et hésite sérieusement à lâcher mes sacs, m’y asseoir et pleurer ! Mais bon, l’instinct de survie étant très puissant, je prends sur moi, j’embarque mes sacs et décide de trouver un hôtel pour pouvoir, au moins, les stocker pendant que j’essaie de me maintenir en vie. Je vais sonner à l’hôtel le plus proche où il n’y a plus de place. Je demande alors pour utiliser leur wi-fi, requête acceptée après une petite hésitation du jeune homme. Heureusement, l’instinct maternelle étant très puissant (également), ma chère maman ne ferme pas l’œil tant qu’elle n’est pas assurée de mon bien-être physique. Je lui explique, elle refait un virement. Je cherche une agence toujours ouverte et on m’indique, bizarrement, une pharmacie. Je repars, il faut absolument que je trouve un endroit où mettre mes affaires. J’essaie un autre hôtel, trop cher. Mais je leur demande si je peux stocker mes sacs chez eux « en attendant de trouver autre chose ». La dame est très aimable, accepte volontiers et me propose une réduction si je ne trouve pas un autre hôtel. Je retourne alors dans un hôtel où j’avais été (avec Odile !) et où, heureusement, ils ont de la place. J’explique ma situation au jeune homme de l’hôtel, très aimable aussi. Il m’indique un bureau Western Union à l’autre bout de la ville…je dis que je vais tenter la pharmacie, même si c’est bizarre, au moins, c’est tout près. J’y vais et c’est avec un grand soulagement que la transaction a pu avoir lieu ! Journée très éprouvante, en somme, mais tout est bien qui finit bien. Dans des moments comme ça, on se rend compte que c’est un désavantage à voyager seule. Et aussi à quel point, qu’on se le dise, ça fait du bien d’avoir un minimum de confort financier ! Maintenant, rassurez-vous, tout est arrangé et je mange chaque jour à ma faim.

Sinon, cette semaine à Cusco, il y a la « 3ème semaine de la recherche », organisée par l’Université de Cusco. Pour l’occasion, une délégation de profs belges était présente ! Ils travaillent avec des professeurs et étudiants de Cusco (c’est d’ailleurs grâce à ça que j’ai pu venir à la Raya). C’était cool, je dois dire que ça fait du bien de voir des Belges J J’ai même pu les accompagner visiter la zone où ils vont réaliser un projet d’étude interdisciplinaire (dans la team, il y a des docteurs, vétérinaires, agronomes, géographes, mathématiciens,…). C’était vraiment intéressant d’être avec eux et j’avoue que c’est très tentant d’avoir ce petit aperçu du monde de la recherche ! Mais bon, on n’y est pas encore.

À part ça, je prends des petites vacances à Cusco tranquillement avant de rentrer à Lima. J’ai passé une chouette semaine. J’ai lu, me suis promenée, fait quelques achats, j’ai bien mangé aussi…Cusco est une ville très belle et agréable que j’aime beaucoup. J’espère pouvoir y revenir ! Je vous écris de mon hôtel, je prends le bus dans 2 heures pour Lima. J’arriverai donc demain à cette heure-ci, plus ou moins. Dernier voyage en bus au Pérou, c’est la fin d’une ère J ça va faire bizarre de retourner à la « maison ». Je me souviens de cette fille qui allait rentrer chez elle au moment où moi je suis arrivée. Elle était nostalgique et je me souviens que ça me rassurait. Et maintenant, c’est moi qui m’en vais… Ne vous inquiétez pas, je pense que j’aurai besoin d’écrire un dernier petit article « nostalgie » la semaine prochaine donc je ne clôture pas encore ce blog ! A bientôt les Belges !

PS : J'ajouterai des photos quand j'aurai une meilleure connexion internet!

"Ils sont graves, ces Pérus..."
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